Avant Domus, Le Chalet et La Miolaine
La Fondation Domus est née en 2011 de la fusion de deux institutions: Le Chalet, à Salvan, et La Miolaine, à La Tzoumaz. Aujourd’hui encore, Domus se déploie sur deux sites: l’un à La Tzoumaz, où les locaux de La Miolaine ont été rénovés et agrandis, l’autre à Ardon, en plaine, dans un ancien hôtel.
LA MIOLAINE
L'institution La Miolaine, née en 1973, a vu le jour sous l'impulsion de Mme Simone Guillaume-Gentil, une Neuchâteloise animée par le souhait d'emmener un lieu d'accueil. Un premier projet a vu le jour à Ovronnaz, qui était destiné à accueillir des personnes âgées.
Quelques années plus tard, elle fut sollicitée par l’hôpital de Malévoz, qui cherchait une solution pour accueillir les patients stabilisés. Pour eux, le retour à domicile n’était pas encore possible, il fallait un lieu de transition adéquat. Portée par cette demande, Mme Guillaume-Gentil a donc acquis en 1979 un terrain à La Tzoumaz, au lieu-dit «Les Planches», et y a fait construire une institution. Celle-ci fut baptisée du même nom que le premier logement d’Ovronnaz, à savoir «La Miolaine», ce qui signifie «à mi-hauteur» en patois genevois. Aujourd'hui, après rénovations et agrandissements, c’est la Fondation Domus qui a succédé à La Miolaine.
A l'époque, La Miolaine pouvait accueillir 28 résidents, hommes et femmes, et proposait déjà, grâce à la générosité et à l'ingéniosité de Mme Guillaume-Gentil et de sa famille, des ateliers. En effet, leurs moutons pâturaient dans les alentours et deux vastes jardins potagers, l’un sur les lieux et l’autre en plaine, étaient mis à disposition, ce qui offrait aux bénéficiaires la possibilité de pratiquer de nombreuses activités propres à leur redonner autonomie et confiance en eux. Du personnel infirmier, d’intendance ainsi qu’une animatrice étaient alors employés par l'institution. Une trentaine de personnes s’activaient 365 jours par année.
La durée de séjour des bénéficiaires d’alors était très importante, signe que ces derniers s’y sentaient bien et de la très bonne qualité des prestations fournies. La beauté et le calme du lieu ainsi que son organisation familiale ont été des ingrédients prépondérants à la réussite de ce projet et à sa longévité.
En 2003, après une longue carrière au service des autres, le temps de la retraite fut venu pour Mme Guillaume-Gentil. Philippe Besse reprit dès lors les rênes de l'institution.
LE CHALET
José Buffin se définit lui-même comme un «aventurier de la vie, ayant bourlingué dans les milieux éducatifs et soignants, intéressé par les approches comportementales». Un profil qui, en 1990, donne envie à ce «Combier d’adoption» de la vallée de Joux de reprendre, avec sa compagne, une ancienne maison de convalescence à Salvan, en Valais.
Beaucoup de patients au sortir de Malévoz
Très vite, la demande est là. «On nous confiait beaucoup de gens pour lesquels faisaient défaut les structures d’accueil dans le canton, et nous obtenions de bons résultats», se souvient José Buffin. A l’époque déjà, la maladie psychique s’accompagne d’autres problématiques. «Certains avaient des soucis de toxicomanie. Et puis c’était l’époque du SIDA.» A ses débuts, Le Chalet accueille 16 bénéficiaires, hommes et femmes, pour une durée d’un à trois mois, puis des séjours de plus en plus longs. Une femme de ménage et deux éducateurs sont à pied d’œuvre, dont Dominique Bousson, qui a fait partie des collaborateurs de la Fondation Domus jusque vers 2020 (ndlr: son fils David y est toujours comme maître socioprofessionnel et délégué du personnel). Le foyer propose des activités domestiques (cuisine, lessive, etc.) mais également agricoles, le couple ayant ramené des chèvres et loué d’anciennes écuries près du hameau des Granges. «Tout était à inventer! Mais nous avons très vite compris que l’animal n’était pas une finalité en soi, mais bel et bien un moyen thérapeutique.»
Priorité à l’accompagnement socio-éducatif
Durant ces premières années, les soins médicaux sont peu présents au sein de l’institution, essentiellement éducative. Une option à laquelle tient José Buffin. «Je ne voulais pas qu’on devienne un petit Malévoz. Nous mettions la priorité sur l’aspect éducatif et socio-éducatif. Il n’y avait pas de secteur infirmier.» Cet aspect est géré de façon ambulatoire par le médecin référent M. Perraudin, en visite sur place une fois par semaine, ainsi que par le service de consultation psychiatrique ambulatoire de Martigny, où était suivis la plupart des bénéficiaires.
La demande est de plus en plus importante, les équipes travaillent à plein régime. En 1996, le Canton approche José Buffin et lui propose d’intégrer sa structure à la planification cantonale, et de collaborer avec l’OFAS, l’Office fédéral des assurances sociales. Très attaché à sa liberté, il hésite, mais opte tout de même pour «des moyens plus professionnels».
Fondation, subventions, indicateurs,…
Le Chalet devient alors une fondation, se dote de statuts, d’un comité, et bénéficie de subventions. «Même si le canton souhaitait pouvoir évaluer son retour sur investissement, nous n’étions pas encore dans le formel absolu. On créait des indicateurs, c’était le début. Les moyens étaient enfin là, mais au final, je ne suis pas sûr qu’on faisait mieux qu’avant…» Quoi qu’il en soit, la durée de séjour des bénéficiaires s’allonge, passant de quelques mois à quelques années.
Jusqu’au jour où l’Etat fait face à des contraintes budgétaires, et cherche des solutions pour réaliser des économies. «J’avais rencontré une fois Mme Guillaume-Gentil, et j’aimais bien sa philosophie ‘à la bonne franquette’. Nous avions des similitudes. Notre population faisait face à des problématiques psys de plus en plus lourdes, elle avançait en âge… J’ai parlé à notre comité de l’idée d’une synergie. La Miolaine venait d’engager Philippe Besse comme directeur, il était jeune, dynamique. Ils m’ont demandé si j’étais partant, et j’ai accompagné le rapprochement de nos deux institutions.»
En 2004, après une quinzaine d’années, José Buffin passe le relais. «J’ai senti que tous les indicateurs étaient alignés, et que j’avais rempli ma mission.»
«J’ai parlé à notre comité de l’idée d’une synergie. La Miolaine venait d’engager Philippe Besse comme directeur (…) j’ai accompagné le rapprochement de nos deux institutions.»
Jose Buffin, directeur du Chalet de 1990 à 2004